Hollande célèbre l’entrée de quatre résistants au Panthéon. Qui sont les deux Suisses du Panthéon?

Lors de la cérémonie de panthéonisation, François Hollande a rendu hommage à quatre résistants français, personnalités exceptionnelles, qui incarnent l’esprit de la Résistance : Germaine Tillion, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Pierre Brossolette et Jean Zay «indissociablement soudés par le même amour, l’amour de leur patrie » a lancé le chef de l’Etat. Son long discours, annoncé comme l’événement charnière de son quinquennat, honore quatre destins «qui donnent chair et visage à la République en rappelant les valeurs» et symbolisent «la constance, l’engagement et le courage …» .

Seuls deux Suisses figurent parmi les panthéonisés : le banquier d’origine neuchâteloise Jean-Frédéric Perregaux, qui fut l’un des commanditaires du coup d’Etat du 19 brumaire, et Jean-Louis-Ebénézer Reynier, né à Lausanne, Général de division, Ministre de la Guerre et de la Marine du Royaume de Naples et Commandant du corps des Saxons.

Jean-Frédéric Perregaux (1744-1808)

200px-Jean-Frédéric_PerrégauxAppartenant à l’une des plus anciennes familles neuchâteloises, Jean-Frédéric Perregaux s’installe à Paris dès la fin de ses études, à vingt-et-un ans, et travaille pour Jacques Necker, futur ministre des finances de Louis XVI. En 1781, il fonde sa propre banque avec l’aide du financier Jean-Albert Gumpelzhaimer. Sa clientèle, constituée d’aristocrates anglais et français, dont la célèbre Germaine de Staël,  prospère rapidement.  Fortune établie, il acquiert un hôtel à la Chaussée-d’Antin, le plus beau de la rue, à l’instar de son confrère Jacques Récamier. Féru d’opéra et de théâtre, Perregaux se montre un mécène généreux et se lie d’amitié avec plusieurs artistes. Lors de la Révolution française, inquiété pour son implication dans plusieurs affaires compromettantes, il quitte précipitamment Paris pour la Suisse, mais pas pour longtemps. Sous le Directoire, il retourne à Paris et rétablit ses relations. Proche de Bonaparte, il fut l’un des commanditaires du coup d’Etat du 19 brumaire. Il en sera récompensé, Bonaparte le nomme conservateur au Sénat et Régent de la Banque de France. Décédé en 1808, ses cendres sont enterrées au Panthéon.

Jean-Louis-Ebénézer Reynier (1771-1814)

250px-Général_Jean_Louis_Ebénézer_ReynierFougueux Général de la Révolution du Premier Empire, Reynier naquit à Lausanne en 1771. Après ses études à l’Ecole des Ponts et Chaussées à Paris, il fut nommé ingénieur de l’armée du Nord. Ses aptitudes à concevoir des plans d’attaque pertinents et à mener les troupes ont été vite reconnues. Successivement adjoint à l’état major, adjudant-général, général de brigade de la division du Général Joseph Souham, chef d’Etat-major de l’armée du Rhin qui traversa l’Egypte et la Syrie. Une campagne qu’il détaille dans ses mémoires passionnantes, annotées d’observations personnelles « Si les ruines magnifiques des temples de la Haute-Egypte sont des monuments d’habilité dans les arts, n’en sont-ils pas aussi de l’esclavage… ». A la tête de l’armée d’Italie, il s’empara du Royaume de Naples et en devint Ministre de la Marine et de la Guerre. Il mourut à l’âge de 43 ans à Paris et repose au Panthéon.

Ann Bandle