Anker : les enfants d’abord!
Le peintre bernois Albert Anker a peint 500 portraits d’enfants issus de tous milieux. Pourquoi cette attention si particulière et bienveillante sur le monde des tout-petits? Représentés souvent en train de jouer ou d’étudier, le regard singulier du peintre intrigue quand son époque assigne encore l’enfant des classes populaires à rejoindre la cohorte de travailleurs à bas coût, jugée nécessaire au fonctionnement de la révolution industrielle émergeante ! Une vision que ne partage pas Anker, artiste mais aussi fervent militant de la culture et de l’éducation de la toute jeune Confédération suisse, comme le souligne la fondation Gianadda Martigny dans une nouvelle exposition très justement baptisée… Anker et l’enfance.
Fillettes lisant ou jouant avec des chats, garçon faisant des bulles ou adolescents se préparant au cours de gymnastique, enfants à la crèche… Albert Anker a peint plus de 500 portraits d’enfants sur les 796 œuvres recensées au catalogue raisonné des peintures de l’artiste. Pourquoi une telle attention sur le monde des tout-petits des milieux populaires dans une époque qui au mieux les ignorait au pire ne voyait en eux qu’un réservoir de main d’œuvre bon marché ! Lire la suite
Nicolas de Staël, le besoin de penser peinture
L’exposition consacrée à Nicolas de Staël par la Fondation de l’Hermitage – comme un prolongement à celle de Paris – soulève la même effervescence du public. Dans un cadre plus intime, elle n’en est pas moins exceptionnelle.
Tout est sublime, tout est grandeur. Du haut de ses deux mètres, Nicolas de Staël pose dans son atelier, chemise blanche et pantalon noir, moderne et élégant, les yeux cernés. Il est beau, l’allure d’une star de cinéma. Autour de lui, des œuvres jonchent le sol. À 40 ans, il est au sommet de son art et de sa gloire. Rien ne laisse présager l’imminence d’une tragédie. La fin de ses tourments.
Retour sur un artiste au talent fulgurant
Né à Saint-Pétersbourg en 1914, Nicolaï Vladimirovitch Staël von Holstein descend d’une ancienne famille aristocratique. Chassés par la révolution bolchévique en 1919, ses parents se réfugient en Lituanie, puis en Pologne. Ils ne survivront pas longtemps à leur triste exil. À l’âge de huit ans, Nicolas est orphelin, démuni, sans repères. Il est recueilli par un couple aisé à Bruxelles, les Fricero. Grâce à leur bienveillance, Kolia (diminutif de Nicolas) fréquente les meilleures écoles, le collège Cardinal-Mercier, l’Académie royale des Beaux-Arts… la jeunesse dorée où il s’efforce d’enterrer le passé. Mais rien ne s’oublie, rien ne s’efface. Toute sa vie, il va fuir les souvenirs, éviter d’évoquer les années sombres. Lire la suite
Hodler, Calame, Perrier… hommage à la peinture genevoise
C’est dans le cadre du musée créé dans une dépendance du Château du Crest à Jussy, que plus d’une centaine de chefs-d’œuvre d’artistes genevois sont présentés pour la première fois au public. Tour d’horizon.
Toutes les collections naissent d’une passion. Celle d’Yves Micheli, dont la famille est propriétaire du Château du Crest depuis le 17e siècle, remonte au jour de Noël 1946. Un tableau d’Alexandre Calame « Bois de Jussy », glissé innocemment sous le sapin, aura un impact sans précédent. Une émotion vive qui lui insuffle l’envie irrépressible de constituer une collection. Alors âgé de dix ans à peine, le jeune Yves Micheli se découvre une passion pour l’art, et presque exclusivement pour les maîtres genevois. Des artistes ayant des liens communs, soit par leur origine, soit par leur contribution à l’essor de l’art genevois et suisse. De coup cœur en coup cœur, la Collection du Crest se profile et s’étoffe… Lire la suite
Léon Spilliaert : l’alchimiste de la mélancolie
La mer du Nord de Léon Spilliaert. Retour sur la vie de l’un des plus grands artistes belges, dont les pas nous mènent sur les plages d’Ostende.
Lorsqu’il évoque sa tendre enfance, Spilliaert nous laisse l’impression de jours heureux. Tout lui apparaissait si beau, si neuf, si étrange : « Je suis né à Ostende le 31 juillet 1881 d’une mère douce et mélancolique. » Un enchantement précoce qui sera brisé par une scolarité éprouvante. L’insouciance et la liberté s’éloignent : « On m’a volé mon âme et plus jamais je ne l’ai retrouvée ». De cette quête perpétuelle s’éveille une passion farouche pour le dessin. Très tôt, il affiche un talent incontestable… lire la suite
Le manuscrit de la Lettre à d’Alembert de Rousseau à la Fondation Martin Bodmer
Exceptionnel ! L’ouvrage de l’un des plus célèbres philosophes de la période des Lumières et citoyen de Genève est actuellement exposé au Musée Bodmer à Cologny.
Retour sur une acquisition rarissime.
Ce document autographe, qui revêt une importance considérable dans l’œuvre de Rousseau puisqu’elle se rapporte à Genève, sa ville natale, avait complètement disparu des radars de la bibliophilie. Après le décès du dernier possesseur connu, le mystère autour du précieux texte préoccupa longtemps les collectionneurs. C’est seulement en décembre dernier qu’il réapparut lors d’une vente aux enchères anonyme chez Christie’s à Paris. Une opportunité unique à ne pas manquer. « L’ouvrage est sans conteste celui qui concerne le plus étroitement Genève, sa religion, la question des théâtres » rappelle le directeur de la Fondation, Jacques Berchtold, professeur spécialiste de Rousseau. Grâce à l’exercice du droit de préemption, le manuscrit à teneur patrimoniale a pu échapper à une vente publique et rejoindre les joyaux de la bibliothèque Bodmer. lire la suite
Déambulation artistique à travers la Suisse
Albert Anker, Ferdinand Hodler, Félix Vallotton, ou encore Robert Zünd, Benjamin Vautier…, la Fondation Pierre Gianadda met à l’honneur l’art pictural helvétique. Un ensemble de cent vingt-sept chefs-d’œuvre reflétant les paysages immaculés et les scènes de vie d’une autre époque.
« Je voudrais reconstituer des paysages sur le seul secours de l’émotion qu’ils m’ont causée… » écrit Félix Vallotton dans son journal. Et c’est bien l’émotion qui a aussi dicté les choix de Christoph Blocher. La quintessence de sa stupéfiante collection – et autant de coups de cœur – est présentée au musée de Martigny, dont plusieurs œuvres rarement ou jamais montrées auparavant.
Parmi celles-ci, un nombre impressionnant de tableaux réalisés par Albert Anker, dont les reproductions ornaient la maison familiale de son enfance se souvient le collectionneur et dont il se targue d’en posséder aujourd’hui les originaux.
Le peintre naît le 1er avril 1831 à Anet, un endroit champêtre situé entre Berne et Neuchâtel, et a dû batailler pour déjouer les ambitions de son père qui le vouait à la théologie. Il sera élève du Vaudois classiciste Charles Gleyre avant de poursuivre ses études à l’École impériale et spéciale des Beaux-Arts à Paris et d’être honoré par plusieurs distinctions. Lire la suite
A l’ombre des regards
De la Renaissance à nos jours, la Fondation de l’Hermitage nous invite à porter notre regard sur les ombres des œuvres d’art. Là où lumière s’éclipse pour créer un contraste clair-obscur, dévoiler un mystère ou dramatiser un paysage. Des ombres parfois inquiétantes, colorées, spectaculaires, mais toujours fascinantes.
Selon un mythe qui date du 1er siècle après J.-C., le dessin et la peinture aurait été inventés par une jeune femme corinthienne qui traça les contours de l’ombre de son amoureux projetée sur le mur par la lumière avant qu’ils ne soient séparés. Par ce geste singulier, la première ombre est née, suivie d’une multitude de variations. Depuis ce temps lointain, les plus grands artistes en font usage, voire un véritable sujet, que ce soit dans les autoportraits comme en témoignent les œuvres de Rembrandt et Eugène Delacroix, ou le genre figuratif des impressionnistes. Avec le roi du Pop art Andy Warhol et sa série Shadows II, l’ombre portée atteint son paroxysme en terme d’abstraction. Et c’est toute la thématique de l’exposition transversale « Ombres » que nous présente la Fondation de l’Hermitage. A travers 140 œuvres réalisées au fil des siècles, le jeu subtil des ombres apparaît telle une évidence et sort… de l’obscurité.
Errance à la lumière des ombres
Parmi les nombreuses œuvres de l’exposition, le tableau magistral d’Émile Friant, Ombres portées (illustré), présenté au Salon de la Société nationale des Beaux-arts en 1891, met en scène un jeune couple. L’émotion est forte, puissante. Aux yeux implorants de l’homme, à son ardent désir, la jeune femme répond par un regard fuyant, leurs ombres en disent long. Un théâtre d’ombres et de lumière où rien n’est laissé au hasard. Lire la suite
En avant marche pour la DADA AFRICA
Redécouvrir le Zurich de 1917, place de la Concorde à Paris? C’est le pari tenté et réussi du Musée de l’Orangerie avec l’exposition Dada Africa. Le mouvement avant-gardiste, né en 1917, au cabaret Voltaire à Zurich, jette à bas les canons des arts classiques occidentaux, dénonce les horreurs de la guerre et ouvre le dialogue avec toutes les formes dites d’art primitif de l’Afrique à l’Océanie. Une ouverture sur le monde, qui permet un siècle plus tard de rapprocher au sein de l’ exposition parisienne, statues Baoulé, têtes de Bouddha thaïlandaises, poupées indiennes, au côté des œuvres des artistes Dada, qui eux-mêmes s’en étaient inspirées, avec délice pour exaspérer le public et refaire le monde. Lire la suite
Lausanne, capitale de la mode
Le Musée Historique de la ville explore l’évolution de la silhouette féminine et masculine.
Être bien dans sa mode. Une évidence pour les millennials. Mais pas pour nos ancêtres. « Le confort dans la mode, c’est une idée plutôt neuve, qui ne date guère tout au plus que des années 1980, » raconte Claude Alain Künzi, le commissaire de l’exposition Silhouette, le corps mise en forme présenté au Musée historique de Lausanne. Grâce à la sélection pointue d’une vingtaine de pièces clés et emblématiques (robe du soir, gilet d’homme, redingote, veste à pièce d’estomac, robes bouillonnées…), le visiteur peut juger de la fulgurante transformation et libération de la silhouette féminine et masculine du XVIIe à nos jours. Se protéger du froid ou du chaud, s’embellir, affirmer sa différence, autant d’objectifs que de tout temps l’habit s’est assigné. Mais il a aussi façonné et refaçonné notre silhouette.
Preuves à l’appui, avec les inestimables pièces que le musée de Lausanne a choisi de mettre en lumière, parmi les quelques trois mille costumes qu’il possède et qui ont tous été portés ou fabriqués à Lausanne. Lire la suite
Les Quatre Saisons de Franz Gertsch
A l’occasion de l’inauguration de nouveaux espaces, le Musée Franz Gertsch à Burgdorfprésente une rétrospective de l’artiste de 1955 à 2018. Les Quatre Saisons, œuvres monumentales à tout point de vue, sont désormais réunies sous un même toit. Une constellation inédite, plus réelle que la réalité.
Si au cours de sa longue existence, Franz Gertsch n’a cessé d’inventer des techniques originales, il n’est pas pour autant, à 89 ans, en manque d’inspiration « j’ai encore beaucoup d’idées, probablement trop par rapport à mon âge », lance-t-il en souriant. A l’évidence, l’enthousiasme et la passion ne l’ont pas quitté. Dans l’isolement de l’Emmental, au pied des Alpes bernoises, à Rüschegg précisément, les journées s’écoulent sereinement. C’est là qu’en 1976, l’artiste a établi son atelier avec pour seule compagnie son épouse, Maria Meer, et pour seul horizon une vaste plaine peuplée d’arbres, ceux qu’il a plantés à son arrivée.
Dès lors, on ne s’étonne plus que ce jardin naturel constitue pour le peintre une source d’inspiration permanente. « C’est là que vivent les modèles que j’ai immortalisés ». Les sous-bois, les eaux noires au fond de la vallée, et derrière la colline, les rives du lac de Bienne, là où Franz Gertsch est né et de ce fait les plus belles. Fidèle à un rythme immuable, il travaille chaque jour cinq heures d’affilée pour nous livrer des paysages sauvages d’une précision consternante. Lire la suite
De Turner à Whistler, promenade anglaise à l’ère victorienne
Paysages romantiques à profusion, scènes champêtres ou scènes de vie tout simplement, l’exposition de la Fondation de l’Hermitage présente un tour d’horizon des grands peintres d’outre-Manche des années 1830 à 1900. Des œuvres picturales qui exaltent la beauté de la campagne anglaise mais témoignent aussi des changements induits par la révolution industrielle.
A l’époque où la reine Victoria règne sur le plus grand Empire du monde, la peinture anglaise ne connaît paradoxalement que peu d’engouement outre-Manche. Trop traditionnelle, trop conservatrice, voire d’un charme désuet face au mouvement impressionniste, elle a longtemps été reléguée au rang des œuvres narratives, sans originalité. Il faudra patienter presque à nos jours pour que les critiques d’art réhabilitent le talent indéniable des artistes victoriens et que leurs œuvres soient appréciées à leur juste valeur. Lire la suite
Martine Franck : Une humaniste au Musée de l’Élysée
« Du jour de la naissance jusqu’à l’instant de la mort, la vie n’est qu’une révolution constante. Rien n’est permanent. Le plus difficile est d’accepter les changements en soi, autour de soi, chez les autres, et pourtant la plus belle aventure n’est-ce pas ce parcours qui part de soi pour se connaître, s’oublier et se dépasser ? ».
Placée en préambule de l’exposition que lui consacre le Musée de l’Élysée de Lausanne jusqu’au 5 mai 2019, cet hymne à la vie écrit par la photographe Martine Franck ne pouvait être mieux choisi pour présenter ses quarante ans de photoreportage. Un travail pour le moins bien atypique, loin des champs de guerre, couverts par la plupart de ses confrères masculins. Martine Franck, elle, a toujours voulu s’intéresser dès les années 60 à ceux, qu’on appelait – pas encore – les invisibles : les enfants, les personnes âgées, les laissés pour compte. Plus qu’un choix artistique, une évidence pour cette femme timide et réservée, décidément pas « pas faite pour le trottoir », notait avec humour son célébrissime époux, le photographe Henri Cartier-Bresson de trente ans son aîné. Lire la suite
Les Trésors des Hansen
La Fondation de Martigny expose une soixantaine de toiles impressionnistes, issue de l’exceptionnelle collection Hansen du musée Ordrugaard de Copenhague. Retour sur l’itinéraire d’un couple de mécènes pressés et avisés…
« Je passe mon temps à regarder des peintures, et autant vous le confesser tout de suite, je me suis lancé dans des achats considérables », écrit en 1916, Wilhelm Hansen, directeur d’une compagnie d’assurance danoise et conseiller d’État, à sa femme Henny. Faute avouée, à demi excusée ? Nul doute, pour ce mari féru d’art, qui sait plaider sa cause auprès de son épouse avec ferveur et talent, «je sais que je serais pardonné lorsque vous allez les voir ; les meilleurs peintres à leur meilleur… ». Effectivement, les emplettes de monsieur Hansen sont bien du meilleur : paysages de Sisley et Pissaro, cathédrale de Rouen de Claude Monet, portrait de femme de Renoir, autoportrait de Courbet… Profitant de ses fréquents séjours à Paris, l’homme d’affaires danois, entre deux réunions, court les musées et les galeries et – en investisseur aussi avisé que pressé – multiplie les achats avant le retour de la paix et l’inévitable hausse des prix du marché de l’art qui s’en suivra. Alors que la première guerre mondiale n’est pas encore terminée, Wilhem achète ainsi au célèbre marchand parisien Berheim-Jeune : « Le Pont de Waterloo, temps gris » de Monet et le « Portrait de Madame Marie Hubbard » par Berthe Morisot. Durant cette même période, au Danemark, le couple fait l’acquisition d’un terrain près d’Ordrup Krat au nord de Copenhague, pour y faire construire une résidence d’été, dont il fera bientôt son domicile principal. Lire la suite
Quand Pablo Ruiz devient Picasso
Après le musée d’Orsay, la Fondation Beyeler présente à son tour une exposition consacrée au jeune Picasso, les périodes bleue et rose. Des œuvres que l’artiste a réalisées pour la plupart à Paris dans les années 1900 à 1906. « J’ai voulu être peintre et je suis devenu Picasso ».
Formé à l’Ecole des Beaux-Arts de Barcelone, Pablo Ruiz Picasso n’a pas vingt ans lorsqu’il se rend à Paris avec son fidèle ami Carles Casagemas pour l’exposition universelle. Mais déjà, sa technique est remarquable et son ambition à la mesure de son génie. Si Picasso s’intègre sans peine dans l’effervescence de la vie parisienne et travaille d’arrache-pied, son ami s’enlise dans une passion non réciproque pour sa muse, Germaine Pichot. Il sombre dans l’alcool et se suicide d’une balle au Café de la Rotonde en février 1901. La tragédie sera immortalisée dans le tableau « La mort de Casagemas » par un Picasso bouleversé. Il confiera alors « c’est en pensant que Casagemas était mort que je me suis mis à peindre en bleu ». Et c’est dans cet état d’âme, empreint de tristesse et de mélancolie, que débute la période bleue. Des années de misère et de pauvreté où l’artiste se noie dans un océan monochrome. Il en émerge de nouvelles formes figuratives aux teintes bleutées, glaciales, crépusculaires. Le désespoir, la vieillesse, la mort… le hantent. Des œuvres bouleversantes qui, malgré leur beauté, ne trouvent pas preneurs. Lire la suite
Manguin, l’éclat du fauvisme
La Fondation de l’Hermitage présente une exposition éblouissante consacrée à Henri Manguin, le plus audacieux des peintres fauves. Des tableaux flamboyants, extrêmement bien composés, qui témoignent d’une technique maitrisée et d’un talent rare.
D’instinct, la peinture est apparue comme une évidence à Manguin alors jeune l’élève du lycée Colbert à Paris. Une volonté qui se concrétise par son admission à l’Ecole des Beaux-Arts. A vingt ans, il entre ainsi dans l’atelier de Gustave Moreau et se lie d’amitié avec Matisse, Marquet, De Mathan et Camoin. Sous leurs pinceaux, les couleurs se libèrent, elles illuminent la toile d’un éclat flamboyant. De ce bouillonnement artistique est né un nouvel élan expressionniste qui bouleversa les techniques traditionnelles.
Mais que serait le peintre sans sa muse ? En 1896 à Cherbourg, Mauguin rencontre la jeune pianiste, Jeanne Carette, un vrai coup de foudre. Belle et sensuelle, elle devient sa muse, son modèle préféré, la femme de sa vie. Jeanne sera omniprésente. Dans un atelier de fortune, installé au milieu de leur jardin rue Boursault à Paris, elle va poser pour le peintre de manière incessante.
French cancan à Martigny
La Belle Epoque de Toulouse-Lautrec, ressuscitée grâce à une centaine d’affiches et d’estampes, les plus spectaculaires de l’artiste. Du jamais vu.
Style, mouvement, légèreté, les affiches de Toulouse-Lautrec témoignent de l’effervescence parisienne à la fin du XIXe siècle. Un foisonnement culturel où l’on voit apparaître les premiers cafés-concerts et cabarets populaires. Le monde frivole et rocambolesque des danseuses de French cancan, parmi les plus applaudies La Goulue en frou-frou et sa rivale plus pudique Jane Avril, la chanteuse Yvette Guilbert ou l’extravagante Loïe Fuller… des beautés rousses que Lautrec affectionne plus particulièrement et qui sont à l’affiche du Moulin Rouge. D’un trait de crayon acéré, il saisit une posture, une expression, un pas de danse endiablé.
Mais c’est au sein des maisons closes que Lautrec réalise ses lithographies les plus singulières, sans voyeurisme ni vulgarité. Une suite de dix planches, usant d’une large palette de techniques allant des demi-teintes estompées aux ombres mystérieuses, révélatrices des gestes gracieux de ces reines de joie.