À travers 80 tableaux, le Musée d’art de Pully met en lumière l’influence de Ferdinand Hodler sur une génération d’artistes. Figure idolâtrée ou contestée… ? À n’en point douter, un maître à l’aura irréfutable !
Son nom rivalise avec ceux de Rodin ou de Klimt. À Paris, Hodler est qualifié par le Musée d’Orsay de chef de file de la modernité. Ce génial inventeur du parallélisme est célébré en Allemagne, en Autriche et même au-delà, et se voit distingué par plusieurs récompenses honorifiques. Peu avant sa disparation en 1918, il assiste à une rétrospective de ses œuvres au Kunsthaus de Zurich. Une reconnaissance qui le sacre figure tutélaire de l’art suisse.
Genève, ville d’adoption
Bien que né à Berne, c’est à Genève que Ferdinand Hodler s’établit à l’âge de dix-neuf ans. Le novice en peinture perfectionne sa technique en suivant les cours de Barthélemy Menn, directeur des Beaux-Arts de Genève. Par la suite, il enseigne lui-même à l’école des arts et des métiers de Fribourg, sans pour autant quitter la cité du bout du lac. À la Grand-Rue, puis rue du Mont-Blanc où il vivra jusqu’à son dernier souffle, il produit une œuvre prolifique, innovante et inspiratrice, jalonnée de réalisations monumentales, à l’image de sa puissante personnalité.
Le précurseur de l’art suisse
L’exposition du Musée d’art de Pully « Hodler. Un modèle pour l’art suisse » s’intéresse à la manière dont les artistes se sont inspirés des préceptes du peintre. D’une salle à l’autre, le public se promène au cœur d’un large panorama entre lacs et montagnes où l’on voit défiler le vertigineux Grammont scintillant sous le soleil, le Léman voilé à cet instant précis par d’épais nuages noirs. Plus loin, la marée montante à l’embouchure de l’Aubonne, autant de paysages pittoresques croqués par les artistes suisses. Autour d’une quinzaine de tableaux de Ferdinand Hodler, s’alignent ceux de Félix Vallotton, Marcel d’Eternod, Cuno Amiet… L’émotion ressentie est intense.
Parmi ces talents, on admire la sublimité de La Risle près de Berville (illustré) de Félix Vallotton, La route de Saint-Georges de Jean Daniel Ihly – deux œuvres qui évoquent le parallélisme de Hodler – Pré jaune avec arbre de Cuno Amiet en quête de simplicité formelle, ou encore Le Grammont sous les pinceaux de Marcel d’Eternot et d’Oswald Pilloud que l’on compare involontairement à ceux du précurseur. Ont-ils répliqué les préceptes de Ferdinand Hodler ? Assurément, sa passion absolue des belles contrées… Par leur génie, tous ont participé à l’effervescence de la scène picturale au tournant du XXe siècle et, indéniablement, se sont accaparé son adage « L’art, c’est le geste de la beauté ».
Ann Bandle
L’exposition du Musée d’art de Pully
« Hodler. Un modèle pour l’art suisse »
jusqu’au 25 mai 2025