Les démesures du Grand-Siècle

De sa plume magistrale, Philippe Séguy fait revivre l’aube du Grand-Siècle et nous entraîne dans les dédales d’une cour languissante où les intrigues sournoises mènent la danse… à couper le souffle !

Trop parfaitement beau, trop intelligent, trop sûr de lui, le chevalier de Lorraine, Philippe, se sait invincible. Ambitieux et surtout sans morale. Il ne craint pas d’éliminer les faiseurs de troubles par des attaques verbales « à arracher le visage ». Parmi ses victimes, Henriette d’Angleterre, la jeune épouse de Monsieur, frère de Louis XIV. Excédée à outrance, elle obtiendra son exil auprès du roi. Cependant la vengeance sera d’une cruauté incommensurable.

Avant cette heure fatidique, l’irrévérencieux chevalier attise les convoitises, les dédaignent ou en abusent. Sa « beauté d’ange foudroie quiconque l’approche » : de longs cheveux bruns, épais, ondulants, semblables à ceux d’une femme, des épaules puissantes, des yeux couleur pervenche… Éperdument épris, Philippe d’Orléans ouvre largement sa bourse, le couvre de privilèges et de grâces, de cadeaux somptueux. Lorraine n’en sera que plus méprisant, engloutissant des sommes extraordinaires au jeu et autres plaisirs comblant ainsi un redoutable désœuvrement.

L’amour inattendu

Lorsque la belle Marie-Angélique de Fiennes – tout juste sortie du couvent – aperçoit le chevalier à la messe des princes, elle ne peut détacher ses yeux de lui et le regarde avidement, « elle se remplit de lui, de son visage… ». En un instant, elle se sait perdue. Ici commence une histoire d’amour inattendue. Loin d’être indifférent, Philippe de Lorraine courtise la jeune femme, sans rien précipiter, « tendre, prévenant, doux ». Elle sera son amante, la mère de son fils mort-né, sa fidèle complice pour longtemps.

Savoir-faire gastronomique

Dans cette traversée du Grand-Siècle, Philippe Séguy nous décrit avec brio l’atmosphère qui régnait au Louvre « vieux et sale » et au palais des Tuileries. Une vie de cour où les serviteurs sont « traités avec générosité et considération » et les laquais acolytes d’agissements orduriers. Il n’oublie pas de parfumer son récit de gastronomie, un savoir-faire très français acquis de longue date, « poulardes truffées, chapons gras, potage au bœuf, salade à l’estragon, … pyramides de fruits et bassins d’argent où nageaient des carpes, fruits confits et massepains… », une abondance de mets succulents où entre deux gorgées de vin glacé, les destins basculent vers la gloire ou la disgrâce.

Ann Bandle

Philippe Séguy – Rouge Venin
collaborateur régulier de l’émission
Secrets d’Histoire

Albin Michel