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Une élégante rétrospective

 

Les plus belles robes d’Hubert de Givenchy réapparaissent le temps d’une exposition organisée par la Fondation Bolle. Les plus célèbres aussi, celles que le créateur a dessinées pour Audrey Hepburn, sa fidèle amie.

Lorsqu’en 1953, on lui annonce la visite de Miss Hepburn, le jeune couturier alors âgé de vingt-quatre ans pense rencontrer la star internationale Katharine Hepburn qu’il admirait. Mais la jeune femme qui se présente à son atelier n’est autre qu’Audrey Hepburn, une ravissante actrice encore méconnue, à l’allure tropézienne en pantalon corsaire et t-shirt. L’œil du créateur tombe sous le charme de cette beauté atypique, si différente des stars en vogue. Chaussée de ballerines, la taille ultra fine, elle est aussi gracieuse qu’une danseuse étoile, sa première ambition.

Pour son prochain film Sabrina, elle recherche d’urgence une vingtaine de tenues. Les capacités de confection de son atelier étant limitée, Givenchy commence par refuser. Comme tant d’autres, il s’émeut devant cette femme-enfant irrésistible, bien décidée à le convaincre « faites ce que vous pouvez mais j’aimerais que ce soit vous qui m’habilliez »

Devenue star internationale, elle exigea d’être habillée par Givenchy dans tous ses films. On se souvient de la somptueuse robe bustier, brodée d’une guirlande de fleurs, portée dans Sabrina où elle tourbillonne dans les bras de William Holden, ou de la robe mythique du film oscarisé « Breakfast at Tiffany’s », la plus célèbre de la maison, un fourreau de soirée en satin noir, au dos subtilement dénudé et orné de cinq rangs de perles, un chic inimitable. « C’est lui qui m’a donné un look, un genre, une silhouette. C’est lui qui, visuellement, a fait de moi ce que je suis devenue » dira la star avec cette belle modestie qui lui ressemble.

Givenchy compta parmi ses célèbres clientes Liz Taylor, Jean Seberg, Brigitte Bardot, Jacqueline Kennedy… un beau palmarès. Il reconnaît pourtant que l’amitié qui l’a lié à Audrey Hepburn est unique, jamais il n’a eu « une telle complicité avec quiconque. » Audrey est une véritable icône, omniprésente et inspirante. L’admiration est réciproque et dura jusqu’au dernier jour de l’actrice disparue prématurément, même au-delà « elle est toujours présente dans mon cœur, il en sera toujours ainsi ».

Le magnifique catalogue de l’exposition « Audrey Hepburn & Hubert de Givenchy : une élégante amitié » réalisé avec la complicité du grand couturier présente une galerie de dessins et photos de ses sublimes créations, annotés d’anecdotes intimes et révélatrices d’une belle amitié.

Ann Bandle

Exposition « Audrey Hepburn & Hubert de Givenchy. Une élégante amitié »
Jusqu’au 17 septembre 2017 sur trois sites :
Musée Alexis-Forel
Château de Morges

Audrey Hepburn: «Un instant de grâce »…en Suisse aussi.

71PrgWnDQyL._SL1240_C’est à Dublin, en Irlande, que se déroule l’histoire du dernier roman de Clémence Boulouque : « Un instant de grâce ». Mais, c’est en Suisse que son héroïne, l’actrice Audrey Hepburn, avait retrouvé le bonheur dans les prés avec ses enfants, non loin de Morges.

Dans « Un instant de grâce », qu’elle publie ces jours ci chez Flammarion, Clémence Boulouque imagine les retrouvailles d’un homme et de sa fille après trente ans d’absence. Le père est un déserteur de la vie. Il a flirté autrefois avec le nazisme. Un mauvais jour de mai 1935, il a quitté femme et enfant. Il est aussi taiseux que sombre. Sa fille, justement, il la retrouve pour la première fois, en cet été 1964. Elle s’appelle Audrey Hepburn. C’est l’actrice lumineuse et virevoltante de « Vacances Romaines », « Sabrina » ou « Diamants sur Canapé ». C’est une star, une vraie.

Le mari d’Audrey à l’ époque, l’acteur Mel Ferrer a organisé la rencontre, raconte Clémence Boulouque, dans un salon de l’hôtel Shelbourne, le plus chic et discret de Dublin. Ce petit monde sera à l’abri des journalistes et paparazzi qui épient les moindres faits et gestes de la sublime actrice.

Pourquoi alors face à Joseph Victor Anthony Ruston Hepburn, Audrey se sent elle si illégitime? Elle, l’icône d’Hollywood, l’actrice Oscarisée? La fille du renégat ne serait elle en réalité qu’une danseuse ratée ? Une usurpatrice qui aurait tout simulé  : élégance, talents, amour de la vie.

L’amour de la vie, Audrey Hepburn, l’a arraché avec une volonté de fer, trop heureuse d’avoir douté du bonheur en vain. « Les gens, plus encore que les objets, doivent être restaurés, réhabilités. Il faut leur redonner vie, les faire revenir à soi, et leur pardonner : ne jamais jeter quiconque », lance t elle à un journaliste. Le pardon l’a-t-elle sauvé ? Mystères d’une résilience.

Clémence Boulouque dessine au fil de la rencontre entre Joseph et Audrey l’incroyable destin d’une jeune fille de bonne famille, rescapée de la guerre, devenue reine d’Hollywood, mais pas seulement. Elle raconte les blessures et les fêlures d’une orpheline ressuscitée. Ressuscitée non par la gloire mais la grâce. « La grâce comble, mais elle ne peut entrer que là où il y a un vide pour la recevoir, et c’est elle qui fait le vide. », écrit Simone Weil.

Touchée par la grâce, la vraie Audrey Hepburn n’a plus jamais voulu douter du bonheur. Comme si la survivante des horreurs de la guerre, n’avait pas d’autre choix que d’être heureuse. Le bonheur, elle avait décidé de l’empoigner à bras le corps. Le bonheur, elle avait choisi de le vivre en Suisse, un pays, interdit de guerre, libre de tout enfermement. De sa maison à Tolochenaz prés de Morges, elle avait fait un refuge pour ses deux enfants. Un refuge qu’elle avait appelé « La Paisible ». Sauvée, la colombe n’avait pas pour autant oublié les orphelins de la guerre.

Nommée Ambassadrice itinérante de l’Unicef en 1989, l’actrice a consacré les dernières années de sa vie à se mobiliser pour eux sur tous les continents. Audrey Hepburn repose en paix depuis 1993 dans le cimetière de Tolochenaz.

Béatrice Peyrani