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L’insatiable monsieur Bérard

Au Palais Lumière à Évian, l’exposition « Bérard. Au théâtre de la vie » rend hommage à un magnifique artiste ami de Jean Cocteau, Christian Dior et Louis Jouvet aux talents multiples : Christian Bérard, peintre, décorateur, illustrateur, costumier. Disparu trop jeune, à l’âge de 47 ans, ce touche à tout de génie méritait bien une grande rétrospective.

Il fut un des plus grands coloristes de son temps, un des plus grands costumiers et décorateurs du cinéma français et l’un des amis les plus adulés des grands couturiers et metteurs en scène de son époque. On lui doit l’étrange costume que portait Jean Marais dans la Belle et la Bête ou les décors des plus grandes pièces mises en scène par Louis Jouvet  (L’école des femmes, La folle de Chaillot, l’Illusion comique …). Il s’appelait Christian Bérard, Bébé pour ses copains artistes et noctambules et il était temps qu’une grande exposition lui rende hommage.

Peintre, ami proche des couturiers, Bérard signa la scénographie après guerre du fameux théâtre de la mode, cette exposition itinérante à Paris, Londres, New-York, qui permit de relancer le savoir faire français après six années de conflit.

Des décors pour le théâtre et la vie 

Mais à Évian, le visiteur peut aussi découvrir ses nombreux portraits, natures et paysages. L’homme rêvait d’accomplir une grande carrière de peintre. Ce fils d’architecte, apparenté par sa mère à la célèbre entreprise de pompes funèbres Henri de Borgniol, à la culture littéraire et musicale immense, sera vite happé par la vie parisienne et ses amis artistes. S’il effectue des débuts prometteurs à la galerie Druet, grands couturiers, metteurs en scène, architectes tous le réclament pour leurs chantiers les plus divers. Et Bébé curieux de tout et aux talents multiples ne sait rien refuser, couvertures de magazines de mode, costumes de scène et décors pour les Ballets Russes de Monte-Carlo, illustrations de mode pour Harper’s Bazaar, décors de l’Institut Guerlain aux côtés de Jean-Michel Frank, décors de théâtre pour Électre de Jean Giraudoux. Usé par le travail et difficilement sevré de sa dépendance à l’opium, la mort faucha en pleine répétition des Fourberies de Scapin au théâtre Marigny à Paris ce génie insatiable et follement attachant. C’était le 12 février 1949.

Béatrice Peyrani

Palais Lumière – Evian

Ouvert tous les jours 10h-18h (lundi et mardi 14h-18h).
Informations 

 

 

 

Illustration en haut de page : projet de publicité pour coeur joie Nina Ricci – 1946 @Mirela Popa