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Les Beaux Mondes de Laure MI HYUN CROSET

Avant les vacances de Pâques, Damier vous suggère parmi les nouveautés de ce printemps quelques livres à glisser dans votre valise. Premier de notre sélection : « Le Beau monde » de la romancière suisse Laure Mi Hyun Croset, grande admiratrice de l’écrivain russe Yvan Gontcharov.

Elégance parfaite du marié, champagne et verrines divines pour cinq cents invités triés sur le volet, château et jardins à la française, tout ne paraissait que luxe et beauté pour célébrer le mariage de Charles-Constant, héritier d’une grande famille lyonnaise avec Louise. Sauf qu’à l’église, l’organiste n’en finit plus de jouer. Attente, inquiétude, angoisse… la mariée se fait attendre. Comment expliquer ce retard ? Incroyable, viendra- t-elle enfin? Pour passer le temps, entre le cocktail et le dîner, rien de mieux que d’évoquer l’absente. La mariée est-elle bien cette romancière à succès ? Ils l’attendaient tous, mais au fond, si peu d’entre eux la connaissaient. Silence pesant de l’assemblée. Ouf un invité se lance et brise la glace. Oui, c’est « parfaitement incompréhensible, oui d’autant qu’elle revient de loin », lâche un homme, visiblement pas du genre à dire n’importe quoi, un académicien sans doute. Il a été le professeur de Louise. Sa parole vaut bien de l’or. Et celle de Léopold, cet homme aux beaux yeux ? Ou de Matteo, ce latin lover au charme fou ou encore celle de Mathilde, la jeune sœur du marié ? Tous ont connu Louise. Paroles d’argent ou d’Evangile ? Que savent-ils d’elle, de cette jeune femme complétement « self made », de cette enfant trouvée, de… cette enfant perdue ? L’histoire n’était elle pas décidément jouée d’avance ? A en croire les témoignages, badinages ou racontars, tout absolument tout n’était- il pas écrit ? A moins, que ce ne soit décidément l’inverse. L’absence de Louise, n’est-elle la preuve vivante, que rien, RIEN n’est jamais décidé d’avance ? L’énigmatique fiancée n’a-t-elle pas choisi de tout choisir? De tout réinventer ? De rebattre les cartes encore une fois,  une dernière fois ?

Le livre de Laure Mi Hyun Croset s’invite gentiment dans l’univers feutré du beau monde. Mais au fil des pages, l’intrigue monte crescendo tandis que les personnages interviennent au rythme des sept sacrements pour énoncer – leurs vérités – sur Louise. Dans le cortège des invités, la tension monte avec maestria. Dans une parfaite unité de temps, de lieu et d’espace, le huis clos va pourtant bien se dénouer, mais l’épilogue promet d’être aussi surprenant, que cinglant et inattendu.

Béatrice Peyrani

Trois questions romanesques à Laure Mi Croset

Damier : Quelle est la qualité que vous préférez chez un homme et chez une femme ?
Laure Mi Croset : Chez un homme, la bonne foi, chez une femme le courage.

Damier : Quelle faute vous inspire le plus d’indulgence ?
Laure Mi Crozet : Celle que celui qui l’a commise reconnaît.

Damier : Quel est votre héros favori dans la fiction ?
Laure Mi Croset : Oblomov, que met en scène dans son roman éponyme l’écrivain russe Ivan Gontcharov, un personnage tellement paresseux qu’il refuse d’aimer de peur de se fatiguer.

Propos recueillis par Beatrice Peyrani