Archives de catégorie : VOYAGES, RÉCITS

La Méditerranée de Fernand Braudel


Jeune professeur d’histoire en 1939, il devait écrire sa thèse sur la Politique étrangère de Philippe II en Méditerranée au XVIème siècle. Mais la vie et la guerre en ont décidé autrement. Après la débâcle française, Fernand Braudel est fait prisonnier en Allemagne pendant cinq ans.  Il réussit grâce à sa seule et prodigieuse mémoire à rédiger ce qui allait devenir non plus un ouvrage sur les conquêtes du roi d’Espagne au XVIème siècle, mais un livre sur La Méditerranée, Philippe II devenant lui seulement une figure de second plan derrière la « mare nostrum ».

« Dans ce livre, les bateaux naviguent ; les vagues répètent leur chanson ; les vignerons descendent des collines de Cinque Terre, sur la Riviera génoise ; les olives sont gaulées en Provence et en Grèce ; les pêcheurs tirent leurs filets sur la lagune immobile de Venise ou dans les canaux de Djerba ; des charpentiers construisent des barques pareilles aujourd’hui à celles d’hier. Et cette fois encore, à les regarder nous sommes hors du temps. Ce que nous avons voulu tenter, c’est une rencontre constante du passé et du présent », prévient l’historien dans laquelle les personnages centraux ne sont plus des rois, des guerres et des événements politiques…mais la mer d’Homère, ses montagnes des Alpes aux Apenins, du Taurus aux Balkans, des Pyrénées à l’Atlas, ses champs d’oliviers, de vignes ou de blé, ses civilisations entassées les unes sur les autres.

De Naples à Cargèse

En ces temps de confinement, se plonger dans l’un des ouvrages phares d’un homme qui a magistralement réfléchi aux différents temps multiples de l’Histoire : brefs, longs, voir très longs qu’un même être humain peut appréhender au long de sa vie…prend tout son sens.

Alors pour rejoindre Naples, Carthage ou Constantinople et remonter le temps, quoi de mieux que de télécharger sur sa tablette (afin d’éviter d’encombrer les services postaux) La Méditerranée, la version numérique grand public de « La Méditerranée et le monde méditerranéen à l’époque de Philippe II », proposée et préfacée par un autre grand connaisseur du monde d’Homère, le professeur François Hartog dans la collection Champs Histoire chez Flammarion.

L’aventure peut alors commencer et tout défile sous la plume de Braudel, le monde romain au Liban, la préhistoire en Sardaigne, les villes grecques en Sicile, la présence arabe en Espagne, l’islam turc en Yougoslavie. Berceau de trois grandes civilisations, la Méditerranée a accueilli la chrétienté, le monde orthodoxe et l’islam. Mais à ces trois religions monothéistes, il faut bien ajouter l’héritage des Grecs, des Romains, des Juifs, des Turcs. Qu’est-ce que la Méditerranée ? « Mille choses à la fois. Non pas un paysage, mais d’innombrables paysages. Non pas une mer mais une succession de mers. Non pas une civilisation, mais des civilisations entassées les unes sur les autres », poursuit l’auteur.

Voyager en Méditerranée

C’est forcément « rencontrer de très vieilles choses, encore vivantes, qui côtoient l’ultramoderne, à côté de Venise faussement immobile, la lourde agglomération de Mestre ; à côté de la barque du pêcheur, qui est encore celle d’Ulysse, le chantier dévastateur des fonds marins et des énormes pétroliers ».

C’est aller à la rencontre de trois mondes, le chrétien, l’orthodoxe, l’islam, qui se sont transformés et les uns AVEC les autres ou CONTRE les autres. Pas étonnant si la cathédrale de Syracuse s’est installée dans le temple d’Athéna et celle de Palerme dans la grande mosquée.  Pas surprenant, si le petit village corse de Cargèse abrite l’une en face de l’autre une église catholique et une autre orthodoxe, bâtie par des Grecs de Vitylo en Laconie, fuyant les Ottomans au XVIIe siècle.

Revenir sur les rivalités de l’Occident, de l’Islam et de l’univers orthodoxe, c’est embarquer pour une passionnante méditation sur le cours du monde, la grandeur et décadence des civilisations. Au cours des siècles, la Méditerranée, centre du monde chez les Grecs, allait perdre de sa superbe, évincée par la découverte de l’Amérique en 1492, corsetée par les Anglais après le percement du canal de Suez, comme une voie express pour les Indes, avant que les États-Unis et l’Asie ne déportent une nouvelle fois le centre de gravité de la planète dans le Pacifique. Et pourtant le Monde Méditerranée a gardé son attrait. Des millions de touristes s’y pressent chaque année. Comme si chacun savait que nous ne pouvons pas vivre que des événements de notre présent. Comme si chacun sentait, qu’il est en fait le résultat de morceaux composites de différents âges. Comme si chacun avait finalement au fond de lui un peu de ces paysages d’Ulysse.

Béatrice Peyrani

Pour en savoir plus:

Fernand Braudel, La Méditerranée, Précédé d’un entretien de François Hartog, Champs Histoire, Flammarion

 

 

 

Pour rêver:

Sylvain Tesson, Un été avec Homère, publié aux Éditions France Inter, Équateurs, parallèles.

 

 

Et à voir en ce moment sur Arte son magnifique documentaire, Dans le sillon d’Ulysse.

 Jean Giono, Naissance de l’Odyssée, chez Grasset.

 

Le Danube de Claudio Magris


Partir à la découverte du Danube : un voyage de quelques 3 000 kilomètres dans sa chambre en 556 pages. Une invitation irrésistible de Claudio Magris en cette étrange période de COVID-19. Pas de fausse excuse, prenons pour une fois le temps. Seul impératif : être prêt pour une épopée fantastique.

Des sources en Forêt-Noire à son delta en mer Noire, Claudio Magris nous emmène pour une grande aventure, tout au long du Danube. Quand il sort son ouvrage en 1986, les pays traversés lors de sa navigation par le romancier étaient alors moins nombreux. Le second plus long fleuve d’Europe traversait alors sept États : la République fédérale d’Allemagne, l’Autriche, la Tchécoslovaquie, la Yougoslavie, la Hongrie, la Bulgarie, la Roumanie.

Depuis l’éclatement de l’Urss et de la Tchécoslovaquie (que Claudio Magris avait pressenti) ont redessiné la géographie politique des lieux: rajoutant sur la route officielle du Danube, cinq nouveaux États : Slovaquie, Croatie, Serbie, Moldavie, Ukraine. Et oui, « le Danube n’est pas le fleuve d’une pure race germanique, mais le fleuve de Vienne, de Bratislava, de Budapest, de la Dacie, symbole de cet empire des Habsbourg dont l’hymne était chanté en onze langues. »

Pour autant la poésie du livre, tout comme sa brillante érudition demeurent. Inaltérable, inoxydable, immortel, l’ouvrage n’a pas pris une ride, puisqu’il s’agit d’un chef d’œuvre, d’un vrai, d’un classique impérissable, dont chaque lecture conduit à de nouvelles découvertes. Pas étonnant, car Claudio Magris a plusieurs cordes à son arc. Le romancier, journaliste, critique, traducteur germaniste émérite, l’homme sait multiplier les rôles…et les prises de parole.

Donauechingen contre Furtwangen

En simple touriste, il court, comme un quidam en short et sac au dos, à la source initiale du Danube. Serait-ce à Donaueschingen ? Des générations d’écoliers l’ont appris ainsi. Et la plaque du parc de la résidence princière Fürstenberg, dont la bibliothèque du château renferme les fameux manuscrits de la Chanson des Nibelungen est formelle : « hier interspringt die Donau » (là où les eaux de la Brigach et la Breg se rencontrent naît le Danube). Capricieux, le fleuve pourtant pourrait être né aussi à quarante kilomètres à la ronde, à Furtwangen, à la seule source de la Breg, où un certain docteur Ludwig Öhrlein a fait graver (lui aussi !) dans les années 50 une autre plaque : « Ici naît la source principale du Danube, la Breg, à 1078 mètres d’altitude… » La querelle entre la noblesse féodale et le bourgeois de profession libérale a divisé de nombreux beaux esprits. Fi des rivalités touristico-mercantiles,  Magris continue son chemin à la découverte enchanteresse des paysages, châteaux et villes que l’immense fleuve va longer.

En route d’abord pour Ulm (avec son Danube encore jeune, son Musée du Pain et son quartier de Pêcheurs), puis les incontournables villes cartes postales, Passau, Linz, Vienne, où Magris jette un œil à la surprenante maison Wittgenstein, toute en « rationalité géométrique » faite pour ne pas y habiter…La Hongrie s’annonce bohême. Le voyageur gagne Budapest, où le Danube « coule, large et le vent du soir passe sur les terrasses en plein air des cafés, comme la respiration d’une vieille Europe qui se trouve peut-être aux franges du monde et ne produit plus de l’Histoire, mais se contente d’en consommer. » En territoire roumain, Magris musarde dans les ruelles pittoresques de Sibiu et se désole l’industrielle Tomis (où dans l’Antiquité fut exilé le poète Ovide). A croire que le fleuve n’en finit plus avant de s’échouer à Sulina. La ville connut son heure de gloire quand elle devint le siège de la Commission européenne du Danube de 1865 à 1935, avant de devenir après la Seconde guerre mondiale, une sévère zone frontière militarisée. Curieux de voir l’embouchure Claudio Magris se met le cap sur la mer.  « Le Danube, dument canalisé débouche dans la zone portuaire interdite aux personnes étrangères au service, il se perd en mer sous surveillance de la capitainerie. » Après quelques trois mille kilomètres ? Tout ça pour ça…

Ovide en Mer noire

En digne héritier de l’esprit de la Mittleuropa, sous la plume de Claudio Magris, né à Triestre, ville d’Italie, dont les cafés ressemblent si singulièrement à ceux de Vienne, le Danube devient surtout un parcours de mémoire. Au fil de ses pas, l’écrivain invite tous ceux (ou presque tant les références sont nombreuses !) qui autrefois l’ont précédé comme l’autrichien Joseph Roth, le roumain Paul Celan, ou encore ce  poète slovaque Milan Rufus : « La mort fait peur quand on la voit en face. Par derrière, elle est toute beauté, innocence… »

En humaniste, Magris s’émeut, s’éblouit, s’interroge et nous interroge.  Le bien, le mal, l’Histoire, la vie, la mort? Danube, voyage initiatique. Un début, une fin ? « Fais o Seigneur, que j’entre dans la mort comme le fleuve se jette à la mer, dit un ver de Biaggio Marin ». Nos vies fragiles, naissent et s’effacent comme dans un souffle, le long du Danube. Claudio Magris nous invite à les chérir plus que jamais.

Béatrice Peyrani

VERBATIM 1/ ANTI COVID  19 « Celui à qui la persuasion (définie comme la capacité de vivre l’instant fugace mais délicieux) fait défaut consume son être dans l’attente d’un résultat qui doit venir et ne vient jamais ». Claudio Magris, Danube.

 

Voyage, voyage jusqu’au bout de l’Extrême Orient Russe

La Russie sera l’invitée d’honneur du salon du livre de Paris qui se tiendra du 16 au 19 mars. En avant-première, Damier vous présente son coup de cœur pour « Zimnik, Du Baïkal au Béring » de Diane Slëzkine, aux éditions des carnets de l’Aléatoire.

Vous êtes fan depuis votre enfance de Michel Strogoff, des Cosaques ou du Tour du Monde en quatre vingt jours ? Le Transibérien vous fait rêver ? La cabane en Sibérie de Sylvain Tesson vous a enthousiasmé, nul doute que « Zimmik », le récit de Diane Slëzkine vous enchantera. « Plonger dans le rêve d’un mort n’est pas sans risques. Au début les images t’ennivrent. Suivre des traces, ça aide à démarrer », explique l’auteur, qui entend courir sur les traces d’un certain Loïcq de Lobel. Un aventurier du XIX, dont le nom a depuis sombré dans l’oubli mais dont la romancière entend faire revivre le projet fou : la construction d’un train qui relierait Paris à New-York par le Détroit de Béring.

Un songe, un rêve, une pure folie ? Mais qui au XXIeme fait encore fantasmer des hommes et des femmes aux confins de l’Extrême Orient russe.

Malgré les températures irréelles (-50 degrés), c’est un récit plein de passion et de chaleur, que Diane Slëzkine rapporte de Moscou à ….Verkholïansk, en passant par Jogalovo ou Olekminsk, autant de villes inconnnues de la plupart des mortels et que même Google peine à situer sur la mappemonde.

La chute de l’URSS a quelquefois privé de ressources et d’habitants –« ces farouches citadelles, lointaines héritières de valeureux relais de postes du grand empire tzariste ». Qu’importe, Diane Slëzkine y débusque toujours un directeur d’école, un responsable de musée ou un attachés culturel, diligent. Tous désireux, malgré leur quotidien difficile, de l’aider à retrouver la route de Lobel. Même les enfants de ces mêmes cités ont joué le jeu et pris leurs crayons en offrant à l’écrivain des dessins de voyages en Yacoutie, dans la région de la Tchouckotka et d’Irkoutsk. Autant de contrées, autant de paysages et d’étendues neigeuses que le fameux train Tansalasaka Sibérien, aurait ou…pourrait traverser. Preuve évidente que décidément rien n’est plus immortel qu’un rêve !

Béatrice Peyrani

Pour en savoir plus:
Consulter le site de la librairie du Globe qui affiche les rencontres et événements du Pavillon de la Russie – Livre Paris.

Versailles d’hier… à aujourd’hui

Visiter le château de Versailles autrement, au bon vouloir de l’alphabet, pourquoi pas. Dans son « Dictionnaire amoureux de Versailles » Franck Ferrand nous invite à flâner dans le plus beau château du monde. Hors des circuits habituels et encombrés.

Depuis sa tendre enfance, l’écrivain scrute l’âme de ce lieu magique pour lequel il éprouve des sentiments passionnés « seul dans le saint des saints, au milieu des ombres, j’ai senti que je pouvais franchir les siècles et, véritablement, touché du doigt l’Histoire». Avec enthousiasme, il ranime le faste de la vie de Cour par une multitude de détails « qui ne se révèlent qu’à la centième promenade » assure-t-il, alors que l’on croit avoir tout vu et tout admiré. Au-delà de l’éblouissement au premier regard, il décrypte la face cachée des lieux, quelque deux mille trois cents pièces et des jardins à l’infini au passé vertigineux. Tout le mystère réside dans ce qui fut et qui n’est plus, transformé ou détruit pour renaître sous la volonté des puissants maîtres, de Louis XIV à Charles de Gaulle. Anecdotes insolites, indiscrétions savoureuses, scandales… l’ouvrage se lit avec délectation.

D’entrée, l’Allée-Royale s’impose, anoblie sous Louis XIV par des embellissements statuaires. Le Roi-Soleil avait coutume d’organiser des courses de traîneaux sur les parterres enneigés entre le bassin d’Apollon et celui de Latone.

A la vue de l’immense château, on n’imagine guère l’entassement des courtisans. Plusieurs milliers de nobles y vivaient à l’étroit dans le perpétuel souci de plaire. Messes, bals, cérémonies du lever, du débotté, du souper et du coucher du roi imposent un rythme effréné, où il est bon d’être vu en grands atours glissant élégamment sur les parquets. L’étiquette est des plus strictes jusqu’aux animaux de compagnie. Seuls les chiens et chats médaillés de lys blanc étaient tolérés à la Cour.

Les appartements se visitent à la lueur de leurs occupants. Celui de Mme de Montespan remporte la palme de l’exotisme. Perroquets, singes et même un ours distrayaient la favorite au temps de son apogée. Plus loin, on découvre notamment l’étonnant appartement des Bains alors que le Roi-Soleil ne pratiquait que la toilette sèche, destiné aux plaisirs du bain avant d’être affecté… à Mme de Montespan en disgrâce. Il n’en reste aujourd’hui que quelques décors aquatiques qui témoignent de sa destination initiale.

Après  « Ils ont sauvé Versailles » et « Gérard Van der Kemp, un gentilhomme à Versailles », Franck Ferrand nous dévoile d’autres facettes de son lieu de prédilection. Contrairement aux hommes, tous ces chefs d’œuvres traversent les siècles pour autant que l’on en prenne soin souligne-t-il. Il y a urgence à s’installer à Versailles, si ce n’est pour admirer « La Proserpine de M. Girardon et le Milon de M. Puget, à l’entrée de l’Allée-Royale. A eux seuls, ils justifient le voyage – peut-être même un déménagement. » On ne peut guère être plus convaincant !

Ann Bandle

 

Franck Ferrand
Dictionnaire Amoureux de Versailles
Editions Plon

557 pages

 

 

 

 

La route de vos vacances passe par Aix-en-Provence ?

De la Bibliothèque de Genève aux cimaises de la Galerie Bucher. C’est l’itinéraire étonnant d’une jeune fille pas si sage, devenue une figure majeure de l’avant-garde artistique parisienne du XXème siècle.

La route de vos vacances passe par Aix-en-Provence ? N’hésitez pas à vous rendre au Musée Granet qui rend hommage à la galeriste Jeanne Bucher. Alsacienne d’origine et épouse du célèbre pianiste suisse Fritz Blumer , cette jeune fille de bonne famille n’était programmée pour devenir l’une des galeristes les plus marquantes d’une vingtième siècle. Mais son œil, son charisme et son talent en ont décidé autrement. Bibliothécaire à l’université de Genève, trilingue, traductrice de Rilke, la jeune femme débarque dans les années 20 à Paris et devient l’assistante du couple de comédiens Georges et Ludmilla Pitoeff. Jeanne se lie avec le couple Pierre Chareau, qui lui permet d’ouvrir une petite librairie rue du Cherche Midi au-dessus de leur bureau. L’adresse deviendra très vite le point de rencontres de nombreux artistes et se transformera tout naturellement en galerie. Jeanne Bucher expose très vite les meilleurs du moment Jean Lurçat, Picasso, Braque, Chirico en autres puis plus tard Nicolas de Staël.

Si Jeanne Bucher décède trop vite d’un cancer en 1946, deux de ses descendants vont assurer la pérennité de la galerie qui existe toujours et s’est transportée rue de Seine.

Béatrice Peyrani

A découvrir Jusqu’au 24 Septembre.

Musée Granet
Place Saint Jean de Malte

13100 Aix-en-Provence
Accès PMR : 18 rue Roux-Alphéran

 

La Suisse vue par des Femmes

Un guide de voyage pas comme les autres, fruit d’une ONG, Women in action worldwide.

C’est vraiment une bonne idée qu’ont eu Elisabeth Thorens et Carin Salerno. Ces deux copines de classe, elles se sont rencontrées à 4 ans sur les bancs de l’école, ont fait chacune un joli parcours professionnel, la première comme enseignante après avoir étudié et vécu aux Etats-Unis, l’autre à la direction de la coopération et du développement, ont en commun d’avoir beaucoup voyagé et de s’être confronté au grand défi qu’on attend toujours d’une femme et dans tous les pays savoir tout réussir de front: une carrière, un mariage, des enfants…Quadrature du cercle qui n’en finit pas de tous nous questionner. De leur expérience et leur amitié, Elisabeth Thorens et Carin Salerno ont décidé d’apporter leur propre contribution au débat : en créant à Genève avec quelques autres femmes de bonne volonté, une ONG, Women in action Wordwide, dont le but est de promouvoir l’empowerment socio-économique des femmes. Leur premier projet : lancer une collection de guide de voyages, vue à 100% par des femmes, histoire de s’affranchir des visions un peu machiste que la presse peut parfois donner d’une destination touristique. Trois guides[1] sont déjà sortis, dont l’un justement sur la Suisse.

Un carnet de voyages qui nous fait découvrir chaque grande ville ou localité de charme par une femme emblématique. Bien sûr, certaines figures étaient aussi inévitables qu’attendues. On s’étonnera pas de rencontrer à Lausanne, Gisou Van der Goot , force vive de l’EPFL, à Genève la dynamique Carole Hubscher qui dirige la mythique fabrique de crayons de couleurs Caran d’Ache ou Angela de Wolff, la pionnière de la finance durable qui a crée sa propre structure Sustainable Geneva, mais le Monde des Femmes SUISSE nous fait découvrir bien d’autres femmes aussi charismatiques que talentueuses : comme Aurélie Branchini, technicienne en restauration d’horlogerie ancienne à la Chaux-de-Fonds, Elena Ramelli, une tessinoise de 72 ans, qui tient depuis soixante ans, un stand de saucisses et de souvenirs au col du Gothard, en dépit de terribles épreuves personnelles, ou encore Anne-Françoise Buchs, propriétaire avec son mari de l’hôtel historique le Bella Tola, à Saint-Luc, devenu grâce à leur énergie un fleuron de l’hôtellerie de montagne suisse.

La Suisse vue par women in action worldwide. Une formidable initiative. Une jolie façon de
découvrir la Confédération avec ces surdouées de la vie qu’on aimerait toutes avoir pour amies.

Béatrice Peyrani

Le Monde des Femmes Suisse
Women in action worlwide.  

[1] Tanzanie, Birmanie…

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La Suisse de Metin Arditi

L’auteur du Turquetto sort un Dictionnaire amoureux de la Suisse chez Plon. Jubilatoire.

Si vous épelez – S comme ski, U comme Union démocratique du centre, I comme Internats suisses, S comme Seconde guerre mondiale, S comme Simon Michel, acteur génial et genevois jusqu’au bout des ongles, E comme Ecoles Polytechniques en reliant chacune des initiales, vous trouverez un pays qui s’appelle bien entendu la S-u-i-s-s-e.

Metin Arditi a eu la bonne idée de sortir chez Plon, son « dictionnaire amoureux de la Suisse » et comme ses prédécesseurs, Jean-Noël Schifano pour Naples ou Philippe Sollers pour Venise, il brosse un extraordinaire portrait par petites touches colorées et subtiles de A à Z, de sa bien-aimée.

En effet, la Suisse est, en quelque sorte, sa fée clochette puisqu’il avoue qu’elle lui a tout offert. « Dire que ce pays m’a beaucoup donné serait peu. Il m’a comblé. », avoue l’auteur de son grand roman à succès « Le Turquetto ».

Il y a fort à parier que son nouvel ouvrage, qui comprend plus de 180 entrées et qui traite tant des hommes (de Calvin à Cendrars en passant par Giacometti ou Albert Cohen, sans oublier Roger Federer… ), des lieux ( Zurich, les quais du lac Léman, la Rue du Rhône à Genève, Lausanne avec sa rue du Bourg …) que de notre vie quotidienne (la Migros, la loterie Romande, les vins, la RTS…) sans oublier les standards, revus et corrigé avec son humour et sa perspicacité (les montres, les banques, la fondue, le cirque Knie…) sera un beau succès tant il le mérite.

Né à Ankara en1945, en Turquie, venu vivre à Paudex à l’âge de sept ans, « Suisse à quatre sous, comme on dit ici », le naturalisé n’a pas voulu payer une dette, mais oser une déclaration. Une déclaration d’amour à la Confédération Helvétique. Une jolie histoire, qui est née de sa rencontre un soir à Paris – autour d’une bonne bouteille – avec le créateur de la collection des Dictionnaires amoureux chez Plon, Jean-Claude Simoën et un ami commun, le poète Elias Sanbar, auteur d’un Dictionnaire amoureux de la Palestine.

La soirée fut belle et fructueuse puisqu’elle nous permet de découvrir quelques unes des facettes brillantes ou plus discrètes d’un pays plus mystérieux qu’on ne croit.

Metin Arditi commence sa promenade sur les chapeaux de roue, à toute allure avec à la lettre A comme Alinghi, le super bateau symbole de la Suisse qui gagne, belle performance « pour un pays privé de mer », mais qui sait construire « un bateau juste, à l’extrême pointe des connaissances du moment », explique-t-il et, dont les initiateurs ont su mobiliser tous les talents et les énergies. Continuant sur cette Suisse innovante nous re-découvrons la saga de la famille Piccard qui du professeur Tournesol à « Impulse Solar » mobilise l’intérêt des 7 à 77 ans…

Après nous irons flâner sur quelques hauts lieux touristiques comme le Château de Chillon, une forteresse qui « a de la gueule » ou au Château Mercier à Sierre,  «qui fait penser aux chambres d’un sultan », et nous nous aventurerons dans la « ville travail » de la Chaux de Fonds, la cité horlogère où «tout est tendu, pensé, réfléchi, calculé. La Chaux –de-Fonds est bâtie en damiers, d’est en ouest, en parallèle à la vallée, le « plan Junod » comme on dit. Point de banlieue. D’un pas, on quitte la ville pour se retrouver à la montagne ».

L’écrivain emprunte aussi les Chemins de fer fédéraux – avec lesquels il a fait ses premiers voyages d’enfant pour rallier Bex à Chésières, près de Villars-sur-Ollon afin de gagner son home d’enfants pour les vacances d’été. Plus tard il partira à l’assaut de Zermatt et Gornergrat- « plus intimidants » tout en réaffirmant que « toute occasion de se retrouver dans un wagon CFF est une joie ». Ne manquez pas son arrêt a la gare de Genève qui lui donne l’occasion d’écrire un amusant « Propre en ordre », expression typiquement suisse puisque le pays s’est construit
aussi sur ces deux valeurs et qu’il illustre par la description minutieuse et amusante du travail d’un préposé au nettoyage.

N’oublions pas la gourmandise avec le T de Toblerone qui s’affiche avec l’effigie de sa montagne la plus reconnaissable, le Cervin et, si on est fondu de F-Fromages- on rendra grâce à ces vaches « qui sont les plus belles du monde ».

Autant de pérégrinations festives qui n’empêche pas l’auteur d’écrire tout le mal qu’il pense des forfaits fiscaux qui consiste à « pirater de riches contribuables de pays appelés « amis » et qui sont souvent dans des situations économiques bien plus défavorables que la Suisse… » et tout le bien des « sociétés de lecture » dont celle « parmi les plus délicieuses » de Genève.

On l’aura compris, il y a autant de passion que d’humour dans ce dictionnaire de la Suisse qui mérite bien son adjectif « d’amoureux ».

Béatrice Peyrani

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Comprendre les Suisses le temps d’un aller Genève-Paris

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(ou l’inverse !) en TGV Lyria. C’est le sacré défi lancé par le guide que publie André Crettenand: « La Suisse, invention d’une Nation. »

Proposée par une jeune collection, ce nouvel ouvrage entend se pencher sur la genèse de la Suisse pour en décoder l’âme de son peuple. Sage initiative, quand malgré la globalisation de l’économie, la compréhension mutuelle des hommes semble se réduire comme une peau de chagrin.

Revenir aux racines culturelles et historiques sans se perdre dans les méandres de la fabrication des Etats Européens et …en quelques dizaines de pages, semble une gageure. Et pourtant le défi paraît relevé avec « La Suisse, invention d’une Nation ».

A bon entendeur, d’abord pour les amoureux des mythes : non Guillaume Tell n’a peut être jamais existé, précise son auteur André Crettenand, directeur de l’information de TV5 Monde. Mais sa légende a rendu un fier service aux Suisses : elle a façonné leur identité.

On s’en souvient Guillaume, le facétieux guerrier avait plus d’une flèche à son arc. Il a su utiliser la première pour viser la pomme que l’ horrible bailli (acoquiné aux Habsbourg) avait posé sur la tête de son fils et réservé la seconde pour tuer le vilain seigneur félon.

Guillaume « ne savait pas faire de grandes phrases », rappelle André Crettenand, mais « il vise juste ». Agir plutôt que briller. Tiens donc? Serait-ce l’un des premiers secrets de l’âme suisse traqués par l’auteur ? On ne sait pas soulever des montagnes, percer des tunnels ou construire des ponts par hasard. La Suisse n’ a pas de château de Versailles ou d’Empire State Building. Mais elle est entourée de sommets de plus de 4000 mètres, qui au fil des siècles ont forcé ses habitants à savoir « monter et gravir l’inaccessible ». Pour sûr, un serment entre montagnards sur une prairie (le fameux pacte du Grütli scellé par les premières communautés, renouvelé par le général Guisan en 1940), n’a pas donné à la Suisse une légende grandiloquente, mais il a cimenté une communauté de destins, et enfanter une Nation entreprenante et courageuse. Travailler sans bruit, ni murmure, au prix d’une neutralité quelquefois difficile à assumer comme pendant la Seconde Guerre Mondiale, relève André Crettenand.

Peiner, endurer, avancer… en 2016 la Confédération reste la championne des dépôts de brevets, des machines outils, des montres, des nouvelles technologies qui en font un…. paradis des start-up de pointes.

Une réussite qu’elle doit à coup sûr à ses habitants. Se pencher sur leur supplément d’âme, n’est pas inutile en ces temps difficiles… Les deux grands témoins interrogés par André Crettenand ont eu aussi leurs idées sur la question. On lira avec intérêt l’entretien mené avec l’écrivain Metin Arditi sur le sens du collectif et de la responsabilité des Suisses.

Béatrice Peyrani

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Découvrir la Suisse d’aujourd’hui en bonne compagnie

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C’est le propos d’un livre collectif publié par les Editions de l’Aire. Des artistes nous racontent leur Genève, Morges, Vevey ou Zurich. Rêveries attachantes de promeneurs aux aguets.

La Suisse revisitée par une vingtaine d’auteurs contemporains. C’est la bonne idée des Editions de l’Aire qui publient un joli recueil «La Suisse est un village », prétexte aux flâneries ironiques, tendres ou mordantes d’artistes, au parcours très divers. Trois français, amoureux de la ConfédérationMaurice DenuzièreMichel ChipotIsabelle Leymarie ont choisi de croquer avec humour leur Vevey, Zurich, ou Genève.

On ne présente plus Maurice Denuzière, journaliste à France-Soir puis au Monde, auteur de sagas à succès Louisiane ou bien sûr . Sa ville suisse de prédilection: Vevey, qu’il apprécie sans modération lors de la fête des Vignerons, sorte de « Thanksgiving à la mode vaudoise….célébration reconnaissante de la générosité de la nature. » Sensible à l’esprit des lieux, Denuzière qui a parcouru Vevey en long et en large au fil des ans, saison, après saison, n’ a qu’un vœu que Charon, le passeur des âmes vienne le chercher au jour dit …sur les fameuses rives du Léman.

Le mathématicien Michel Chipot qui a élu domicile à Zurich, la ville la plus américaine et aussi la plus chère de Suisse, nous raconte le goût sans complexe de cette cité pour les traditions et les avant-gardes : fête de la Sechselaüten (mise à mort de l’hiver symbolisé par un Böögg, une sorte de bonhomme de tissu jeté au bûcher), festival pride, lieu de prédilections des dadas… Isabelle Leymarie, dont le père professeur d’histoire de l’art à l’Université de Genève où de jeunes iraniennes rentraient parfois pour le week-end à Téhéran nous fait elle revivre le grand Genève des années 50 où l’on croisait Tristan Tzara, Alberto Giacometti ou Michel Simon. Voilà pour la nostalgie peut-être, mais n’allez pas croire que le livre est un guide de voyage comme un autre. C’est plutôt un guide flâneries en bonne compagnie, Madeleine KnechtBertrand BaumanJon FergusonCédric PignatChristian Campiche ont visiblement pris le parti de raconter leur Carouge, Château-d’Oex, Bienne, ou La Chaux-de-Fonds d’aujourd’hui, de leur quotidien, avec leurs coups de gueule et coups de cœur.

A découvrir : « La Suisse est un village », éditions de l’Aire

Béatrice Peyrani

Jeûne fédéral, une célébration moyenâgeuse

imagesSolennel pour les uns, ordinaire pour les autres, le Jeûne fédéral est un jour historique ancré dans la culture suisse. Tout a commencé au XVè siècle par des journées de jeûne imposées au peuple, aussi bien dans les cantons protestants que catholiques. Craintes de représailles, guerres et autres catastrophes naturelles figuraient parmi les raisons invoquées pour dédier du temps à la prière et au recueillement. « Quand le ventre est vide, l’esprit s’élève mieux vers Dieu» abonde dans ce sens le réformateur français Jean Calvin.

Il faudra attendre jusqu’en 1832 pour que soit instauré par la diète un jour précis, le troisième dimanche de septembre, à cette célébration d’action de grâce. Une décision qui n’est pas du goût des genevois qui n’entendent pas s’y soumettre ni renoncer à leur propre « Jeûne genevois» du jeudi, institué après le massacre de la St-Barthélémy et décrété jour férié.

Au fil des ans, la signification religieuse tend à s’atténuer alors que les milieux ecclésiastiques invitent au rassemblement. Il n’en reste pas moins que la tradition de se restreindre en substituant un repas par une tarte aux pruneaux, saison oblige, demeure immuable dans certains cantons. Une pénitence que l’on subit volontiers.

Ann Bandle

« Passe-moi les jumelles » sur la RTS

UnknownA ne pas manquer le vendredi sur la RTS à 20h10, un voyage au fil du Rhône.
Ecouter le clapotis d’un ruisseau de montagne, deviner le chant d’un oiseau, méditer sur le vent qui s’engouffre sous le préau d’un lavoir de montagne. Non, vous ne rêvez pas  vous regardez bien une
émission de la Radio Télévision Suisse : «Passe-moi les jumelles». Diffusé tous les vendredis à 20h10, ce magazine fait pour le moins figure d’OVNI dans le paysage audiovisuel francophone. Il y est question d’éloge de la lenteur, de beauté des paysages, de silence. Un programme pour le moins incroyable. Et pourtant passé la première minute d’incrédulité, nul doute, « Passe-moi les jumelles » ne peut pas se rater. Prendre son temps pour regarder le bleuté irisé d’une moraine, remonter le fil d’un torrent, suivre le long et patient pétrissage d’un boulanger des montagnes, à une heure où les autres chaînes préfèrent enquiller journaux télévisés et séries policières est en cette rentrée 2015 un vrai luxe. Profitons alors pendant quatorze semaines, Virgine Brawand nous propose une balade au fil du Rhône qui naît en Suisse dans le massif du Gothard pour se jeter 800 kilomètres plus tard dans la Méditerranée à Port-Saint-Louis du Rhône.

Béatrice Peyrani

Hollande célèbre l’entrée de quatre résistants au Panthéon. Qui sont les deux Suisses du Panthéon?

Lors de la cérémonie de panthéonisation, François Hollande a rendu hommage à quatre résistants français, personnalités exceptionnelles, qui incarnent l’esprit de la Résistance : Germaine Tillion, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Pierre Brossolette et Jean Zay «indissociablement soudés par le même amour, l’amour de leur patrie » a lancé le chef de l’Etat. Son long discours, annoncé comme l’événement charnière de son quinquennat, honore quatre destins «qui donnent chair et visage à la République en rappelant les valeurs» et symbolisent «la constance, l’engagement et le courage …» .

Seuls deux Suisses figurent parmi les panthéonisés : le banquier d’origine neuchâteloise Jean-Frédéric Perregaux, qui fut l’un des commanditaires du coup d’Etat du 19 brumaire, et Jean-Louis-Ebénézer Reynier, né à Lausanne, Général de division, Ministre de la Guerre et de la Marine du Royaume de Naples et Commandant du corps des Saxons.

Jean-Frédéric Perregaux (1744-1808)

200px-Jean-Frédéric_PerrégauxAppartenant à l’une des plus anciennes familles neuchâteloises, Jean-Frédéric Perregaux s’installe à Paris dès la fin de ses études, à vingt-et-un ans, et travaille pour Jacques Necker, futur ministre des finances de Louis XVI. En 1781, il fonde sa propre banque avec l’aide du financier Jean-Albert Gumpelzhaimer. Sa clientèle, constituée d’aristocrates anglais et français, dont la célèbre Germaine de Staël,  prospère rapidement.  Fortune établie, il acquiert un hôtel à la Chaussée-d’Antin, le plus beau de la rue, à l’instar de son confrère Jacques Récamier. Féru d’opéra et de théâtre, Perregaux se montre un mécène généreux et se lie d’amitié avec plusieurs artistes. Lors de la Révolution française, inquiété pour son implication dans plusieurs affaires compromettantes, il quitte précipitamment Paris pour la Suisse, mais pas pour longtemps. Sous le Directoire, il retourne à Paris et rétablit ses relations. Proche de Bonaparte, il fut l’un des commanditaires du coup d’Etat du 19 brumaire. Il en sera récompensé, Bonaparte le nomme conservateur au Sénat et Régent de la Banque de France. Décédé en 1808, ses cendres sont enterrées au Panthéon.

Jean-Louis-Ebénézer Reynier (1771-1814)

250px-Général_Jean_Louis_Ebénézer_ReynierFougueux Général de la Révolution du Premier Empire, Reynier naquit à Lausanne en 1771. Après ses études à l’Ecole des Ponts et Chaussées à Paris, il fut nommé ingénieur de l’armée du Nord. Ses aptitudes à concevoir des plans d’attaque pertinents et à mener les troupes ont été vite reconnues. Successivement adjoint à l’état major, adjudant-général, général de brigade de la division du Général Joseph Souham, chef d’Etat-major de l’armée du Rhin qui traversa l’Egypte et la Syrie. Une campagne qu’il détaille dans ses mémoires passionnantes, annotées d’observations personnelles « Si les ruines magnifiques des temples de la Haute-Egypte sont des monuments d’habilité dans les arts, n’en sont-ils pas aussi de l’esclavage… ». A la tête de l’armée d’Italie, il s’empara du Royaume de Naples et en devint Ministre de la Marine et de la Guerre. Il mourut à l’âge de 43 ans à Paris et repose au Panthéon.

Ann Bandle

Visite d’Etat du président François Hollande, un événement vu la rareté des visites

En un siècle seuls quatre chefs de l’Etat français ont jugé utile de faire le voyage jusqu’ à Berne! Qu’on en juge :

Hasard ou pas du calendrier, le président Hollande choisit de venir 32 ans jour pour jour après la visite de son prédécesseur socialiste François Mitterrand.

Pourtant si les medias suisses couvrent largement la visite de François Hollande, en mettant l’accent sur les recettes du succès de l’économie suisse, les journaux français privilégient les sujets de tension comme le contentieux fiscal certes en voie de règlement et la libre circulation des citoyens européens qui promet encore de nombreux débats.

Côté Suisse, c’est bien le dégel des relations franco-suisses qui prime.

  • Le Temps 15 avril 2015 François Hollande en Suisse ou la fin de l’ère glaciaire.
  • Le Temps 17 avril 2015 François Hollande a arpenté une Suisse qui innove.
  • Le Temps 18 avril 2015 François Hollande, nouvel ami de l’économie.
  • Le Temps 21 avril 2015 Bilan d’une visite réussie.

RTS Le journal de 19h30 présenté par Darius Rochebin consacre le 16 avril plus de 11 minutes à la visite de François Hollande « qui termine sa visite à Ouchy là ou il faisait du bateau enfant avec ses parents ». Ouchy, les vertus de l’apprentissage suisse, les succès de l’EPFL et un édito sur les leçons à tirer de ce voyage, la RTS revient en détails sur la journée particulière de François Hollande. Pas d’accord spectaculaire, mais un climat apaisé entre les deux pays. La fin du secret bancaire suisse a permis à la France de récupérer des centaines de millions d’euros. La Suisse espère avoir trouvé en la France sinon un allié – un interlocuteur attentif sur le sujet délicat de la circulation des travailleurs européens. Il n’a pas échappé à la RTS que François Hollande a souvent évoqué le sort des 150 000 frontaliers français qui viennent travailler en Suisse reconnaissant implicitement que ce qui n’est à priori qu’un problème suisse pourrait devenir un problème de plus pour la France si un accord n’est pas trouvé avec Bruxelles.

24 Heures 16 avril 2015 A l’EPFL François Hollande salue « le miracle suisse ». Les succès de l’économie suisse ont laissé de marbre les médias français qui ne s’écartent pas du binôme fiscalité-immigration.

Le Figaro 15 avril 2015 Hollande en Suisse pour solder la brouille fiscale.

Les Echos 15 avril 2015 Les Echos La réconciliation franco -suisse à l’épreuve des quotas

Le Monde 16 avril 2015 Le Monde reste sceptique : « Hollande dit croire à l’aide suisse». Pédagogue, le grand quotidien du soir croit bon toutefois de faire un article sur les raisons de la non célébrité de la cheffe de l’Etat Suisse. « Pourquoi ne connaît-on pas la chef de l’Etat suisse ».

Et oui les Suisses sont gouvernés par un conseil fédéral de six membres, dont la présidente n’a qu’une fonction représentative et dont le mandat ne dure qu’un an, pourtant la majorité d’entre eux connaissent bien le nom du chef de l’Etat français. Question de durée de mandat ou de simple curiosité ?

Quant à TF1, elle n’a pas résisté à l’envie de raconter avec moult détails le coup de chaud d’un soldat suisse lors du passage en revue des troupes par François Hollande à Berne, le 15 avril 2015.

Humour aussi au menu pour Le Parisien du 15 avril 2015 qui s’offre un « Hollande perce le coffre-fort suisse ». Rappelant toutefois que la France est bien rentrée en campagne pour gagner les Jeux Olympiques de 2024.

Le Parisien 16 avril 2015   JO 2024 : l’opération séduction de Hollande en Suisse avocat à Lausanne de la candidature de Paris