
Cantatrice et compositrice de génie, Pauline Viardot nous est racontée dans l’intimité de son salon parisien rue Douai, comme une invitation à se joindre à ses amis. On y croise Rossini, Berlioz, Gounod, Ingres, Saint-Saëns, Delacroix, Wagner… Une vie dans laquelle l’amour s’épanouit en musique et tisse des amitiés indéfectibles. De sa plume animée, Laurence Winthrop fait renaître les grands moments d’une femme au rayonnement généreux. Plein de gaieté et de rebondissements, son roman Pauline Viardot et l’affaire du coffret est un vrai bonheur.
Damier : D’où vous est venue l’envie d’écrire sur Pauline Viardot ?
Laurence Winthrop: J’ai une prédilection pour le XIXe siècle musical et littéraire. À travers sa sœur la Malibran, son amie George Sand, Tourgueniev son ami passionné, Gounod, Saint-Saëns et Berlioz qu’elle a beaucoup aidés, j’ai été intriguée par cette artiste qui semblait indestructible. Et j’ai bien fait : elle était indestructible !
Vous la décrivez comme une femme rayonnante, débordant de joie de vie, très admirée. Selon vous, la fascination qu’elle exerce relève de son talent, de sa célébrité ou de sa personnalité ?
Pauline Garcia, de son nom de jeune fille, a été élevée à la dure, à la très dure par un père professeur de chant intransigeant, mais aimant, ce qui lui a donné une assise on ne peut plus solide, ainsi qu’une capacité de travail hors norme. Sa tessiture couvre quatre octaves. Elle donne son premier récital à 16 ans et chante à 17 ans à Londres Desdémone de Rossini. De quoi se sentir capable de relever tous les défis ! Louis Viardot, son mari, historien spécialiste de l’Espagne, lui offre complicité intelligente et quatre enfants, une vraie famille qui compte pour elle. La fascination qu’elle exerce relève de sa personnalité bien sûr et de son talent exceptionnel de cantatrice, de pianiste, de compositrice qui lui ont amené la célébrité. C’est d’autant plus intéressant qu’elle était laide (« laide, mais pire », dira Saint-Saëns), au contraire de sa sœur dont on chantait la beauté.
Franz Liszt lui a donné ses premières leçons de piano, impressionné par les progrès fulgurants de son élève. Quels ont été ensuite les maîtres de Pauline Viardot ?
À la mort prématurée de sa sœur aînée, la belle et jeune Malibran, son père l’a poussée à prendre la relève et à travailler le chant. Il fut son professeur qui lui a tout appris. Et, comme l’a dit Franz Liszt, elle était capable de progrès fulgurants, non seulement en piano, mais aussi en chant.
Dans votre roman, vous évoquez son cercle d’amis parmi lesquels George Sand. Comment est née leur amitié ?
Elles fréquentaient les mêmes cercles parisiens. Toutes deux passionnées, pleines de talent et d’avenir, elles avaient beaucoup à partager. George Sand a arrangé son mariage avec Louis Viardot. Elles se voyaient beaucoup à Paris, habitant un temps un même lieu à la Nouvelle Athènes, au Square d’Orléans avec Chopin, mais aussi à Nohant. Puis les Viardot font construire un hôtel particulier à la rue de Douai. À la rue Chaptal vivait le peintre Ary Scheffer qui recevait tout ce monde artistique. Pauline Viardot a inspiré George Sand pour un de ses premiers romans : Consuelo.
En particulier, elle accueille à demeure l’écrivain russe aux écrits progressistes Ivan Tourgueniev. Comment expliquer cet attachement qui durera jusqu’à sa mort ?
Ces deux êtres magnifiques ont vécu une très belle histoire. Toute sa vie, il lui a voué son amour passionné, vivant la plupart du temps à côté du couple, partageant avec le mari leur intérêt pour l’art, la peinture, la littérature travaillant notamment ensemble pour traduire ses textes en français, les plaisirs de la chasse et de la vie à la campagne. Pauline apprécie l’homme éperdument amoureux, mais sait qu’elle ne peut répondre à ce qu’il attend. Mais le sait-il lui-même, lui habité par de douloureux sentiments d’orphelin éternel (sa mère l’a toujours rejeté) ? Il y a donc des chassé-croisé d’espoirs, de séparations – et donc une correspondance abondante – qui aboutiront à un lien affectif indestructible jusqu’à la fin de la vie de Tourgueniev à Bougival avec Pauline à ses côtés, peu de temps après qu’elle ait accompagné son mari jusqu’à son dernier souffle.
Au-delà de l’aspect biographique du roman, vous entraînez le lecteur dans l’affaire rocambolesque du coffret. Vraie ou fausse ?
Totalement fausse ! En fait, j’avais lu les anciennes et excellentes biographies sur Pauline Viardot. Je voulais la faire vivre différemment, dans son cadre familial, avec ses enfants, son mari, ses domestiques et tous les problèmes d’intendance quotidiens. La voir vivre en tant que mère, d’amie de tous ces compositeurs qui trouvaient en elle une inspiratrice. Dans les coulisses se manigancent souvent des tiraillements, des inimitiés, des complots et j’ai utilisé ce fameux coffret dans lequel se trouvait la partition de Don Juan de Mozart, qu’elle avait pu acheter en vendant tous ces bijoux, pour imaginer un projet de vol… Et peut-être faisait-il vraiment l’objet de convoitise ?
Propos recueillis par Ann Bandle

Laurence Winthrop a publié de nombreux articles sur l’histoire de Paris, la musique et ses interprètes. Parmi ses derniers livres, La Dame de la Chavonnière paru aux Éditions la Baconnière à Genève.
MW Éditions – 216 pages






































Rose-Marie Pagnard






















































































































’est pas coutume, ce n’est pas Cendrillon la vedette de ce ballet iconique revisité par 
























