La récente monographie publiée par Antonin Scherrer retrace les grands moments de la vie d’Emile de Ribaupierre, musicien passionné, violoniste et pédagogue dans l’âme. Récit d’un engagement musico-pédagogique exceptionnel.
Dans la famille de Ribaupierre, issue d’illustres seigneurs alsaciens, la vie est embellie par la musique et le parfum des roses. Cultivées par son père horticulteur, Emile de Ribaupierre hérite de cette même passion infinie pour la plus élégante des fleurs. Des roses à profusion, qui subliment sa maison, ses salles de musique, toujours à proximité, allant jusqu’à leur rendre hommage par la création des célèbres « Auditions des Roses ».
Un esprit entrepreneur
Par la multiplicité de ses talents, Emile de Ribeaupierre nous fascine. Il est tout à la fois violoniste, compositeur, chef d’orchestre et pédagogue, mais aussi entrepreneur. Avec sa sœur Mathilde, il fonde les Conservatoires de Montreux et de Vevey, et l’Institut de Ribaupierre à Lausanne. Dans la foulée, il forme l’Orchestre de Montreux dont il sera directeur et chef d’orchestre « je voulais que les élèves de mon école puissent avoir un contact symphonique, qu’ils aient la possibilité d’apprendre le métier de musicien appelé à jouer dans un grand ensemble…voyez en moi un pédagogue ». Un pédagogue attentif à la diversité des dons de l’esprit et des aptitudes de ses élèves « il n’y pas de méthode unique, il faut être souple et inventif pour trouver le moyen le plus efficace pour chaque cas » toujours à l’affût de la technique qui aidera chacun à progresser. Sa pédagogie vivante et innovante, qu’il enseigna jusqu’à la fin de sa vie, accompagna l’émergence de nombreux musiciens.
Excursions dans les Alpes, violon sur le dos
Formé lui-même dès son plus jeune âge par le talentueux Ladislas Gorski, violoniste polonais, Emile de Ribaupierre se souvient d’avoir escaladé les montagnes, violon sur le dos, profitant de la beauté de la nature pour travailler ses gammes sous l’œil exigeant de son maître, ou improviser au gré de l’humeur. Il aura vécu les années glorieuses de la Riviera vaudoise. Celles des concerts-promenade, des musiciens vêtus de blanc, des hôtels luxueux où se pressaient artistes, écrivains et musiciens trouvant sur les bords du Léman une source d’inspiration stimulante. Tchaïkovski y écrit l’essentiel de son Concerto pour violon, Stravinski, Paderewski pour ne citer qu’eux, apportent une émulation créatrice et contagieuse.
Les photos emblématiques qui illustrent ce bel ouvrage nous ramènent à une époque révolue, non sans un sentiment nostalgique.
Ann Bandle
A lire : « Emile de Ribaupierre – Une famille au service de la musique » par Antonin Scherrer paru aux Editions Infolio.